La ministre allemande des Affaires étrangères souhaite que l’UE ne dépende plus de la Chine — Siècle Digital
Pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (Alliance 90/Les Vers), l’Union européenne doit rapidement réduire sa dépendance à l’égard de Pékin. En parallèle, elle a indiqué soutenir les …
Pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (Alliance 90/Les Vers), l’Union européenne doit rapidement réduire sa dépendance à l’égard de Pékin. En parallèle, elle a indiqué soutenir les instances de l’Union européenne dans leurs enquêtes autour des subventions fournies parla Chine à son industrie des véhicules électriques.
Annalena Baerbock tire la sonnette d’alarme sur la dépendance de l’UE vis-à-vis de la Chine
Ce n’est pas vraiment un secret, les 27 pays membres de l’Union européenne dépendent grandement de la Chine et de son industrie à bien des égards. Véhicules et batteries électriques, matériaux pour la production de semi-conducteurs performants, équipements télécoms pour le réseau 5G, etc. L’Empire du Milieu se présente comme le numéro 1 dans chacun de ces secteurs.
Dans une interview donnée à Bloomberg, Annalena Baerbock est revenue sur cette dépendance, affirmant que « si une entité est trop étroitement liée à une autre, cela peut la mettre en danger », faisant référence à la relation entre l’UE et la superpuissance asiatique. « S’il était nécessaire de réduire notre dépendance face à un pays comme la Russie qui a envahi l’Ukraine, mais aussi maintenant vis-à-vis de la Chine » précise-t-elle.
Pour mettre un terme à cette dépendance, l’Union européenne a lancé plusieurs initiatives, faisant parfois même appel à son allié américain. En décembre dernier, à l’occasion du Conseil pour le commerce et les technologies (CCT), les dirigeants européens et américains ont annoncé leur volonté de conclure un « grand accord » sur les semi-conducteurs et les véhicules électriques. Toutefois, cette entente pourrait ne pas voir le jour puisque l’Europe a refusé de se joindre aux États-Unis vis-à-vis des restrictions qu’elle a mis en place envers les entreprises chinoises de semi-conducteurs.
L’Union européenne mène une politique moins agressive que les États-Unis
Contrairement aux États-Unis, l’Union européenne a toujours adopté une position plus raisonnée sur les sujets concernant l’Empire du Milieu. Si Washington a banni Huawei de son territoire depuis plusieurs années, ce n’est pas le cas de Bruxelles. Néanmoins, des pays comme la Suède ou le Portugal ont pris les devants afin de bannir les équipements 5G de la firme.
En juin dernier, l’UE a décidé de sonder ses États membres afin de savoir s’il fallait interdire à Huawei d’exercer sur leurs territoires. La Commission européenne est face à une question complexe : elle doit garantir que les États membres pourront compter sur des fournisseurs européens comparables si Huawei n’est pas disponible.
Dans un registre différent, la Commission européenne a réagi au récent décret américain restreignant les investissements dans les technologies de pointe chinoises. « L’UE et les États membres ont un intérêt commun à éviter que les capitaux, l’expertise et les connaissances de nos entreprises n’alimentent des avancées technologiques qui renforcent les capacités militaires et de renseignement d’acteurs susceptibles de les utiliser pour porter atteinte à la paix et à la sécurité internationales », a tout de même affirmé un porte-parole de la Commission européenne.
L’Europe joue au funambule dans le cadre de ses relations avec la Chine
De son côté, la Chine n’a pas hésité à mettre en place ses propres sanctions, interdisant aux entreprises américaines de se réapprovisionner en germanium et en gallium chez elle. Ces deux matériaux restent des composants essentiels utilisés pour la fabrication de semi-conducteurs ou de batteries. Dernièrement, la Commission européenne, inquiétée par ces restrictions et pour se prémunir de toute pénurie, a sondé ses usines de zinc et d’aluminium afin de savoir si elles pouvaient raffiner du gallium dans les prochaines années.
Pour Annalena Baerbock, « la Chine peut tout à fait être un partenaire sur les questions climatiques, tout en étant un rival en matière de nouvelles technologies ». Elle considère que « l’UE doit être capable de se défendre tout en évitant d’être naïf » face à l’hégémonie chinoise. La ministre allemande des Affaires étrangères a notamment fait référence à l’enquête que va mener la Commission européenne autour des subventions allouées par Pékin à son industrie des véhicules électriques, en pleine expansion.
Pour l’institution européenne, ces aides permettraient aux véhicules électriques fabriqués en Chine d’être vendu à des prix bas, ce qui pourrait mettre à mal la concurrence dans le secteur. Le ministère du commerce chinois a dénoncé la décision prise par l’Union européenne. Elle considère que l’investigation menée par le Vieux Continent est « un acte de protectionnisme pur qui perturbera et faussera sérieusement l’industrie automobile mondiale et la chaîne d’approvisionnement, y compris au sein de l’UE, et aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’UE ».