Au programme notamment, une table ronde sur « Le grand endoctrinement à l’école et à l’université », une prise de parole de Marion Maréchal-Le Pen, et pour finir, un discours de clôture du président de Reconquête, Eric Zemmour. Le colloque de l’association Parents vigilants, organisé ce samedi 4 novembre 2023 au cœur du Palais du Luxembourg, où siège le Sénat, est une petite victoire pour Reconquête, en offrant une tribune de choix à ses cadres.

« Non, nous ne laisserons pas les esprits de nos enfants à l’extrême gauche wokiste ! », a ainsi déclaré le sénateur à l’origine de l’évènement, Stéphane Ravier, sur X, anciennement Twitter. Mais ce colloque permet également au parti de rendre plus respectable l’association Parents vigilants, créée en septembre 2022 par Eric Zemmour.

Une association « qui organise le harcèlement d’enseignants »

« Ce colloque des “Parents vigilants”, bras armé de l’extrême droite pour infiltrer l’école, organisé dans l’enceinte du Sénat n’est pas acceptable. La banalisation de leur parole dans une institution de la République est inquiétante », a ainsi déclaré Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, sur X.

« Les parents vigilants sont une association d’extrême-droite, qui organise le harcèlement d’enseignants, les met en danger, et dont l’objectif est d’instrumentaliser l’école pour miner les valeurs républicaines », estime également Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français de l’étranger.

Contre « la propagande LGBT »

Dans son flyer, l’association Parents vigilants s’inquiète de « l’effondrement du niveau scolaire en France », mais aussi de la « propagande LGBT » ou du « wokisme », selon elle de plus en plus présente à l’école.

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Enfin, l’association de parents d’élèves souhaite aussi en finir avec la « détestation de la France » qui serait également transmise aux enfants. Dans un entretien accordé à France info , Agnès Marion, porte-parole de l’association et cadre du parti Reconquête, estimait que « le lobby islamiste, le lobby LGBT ou le lobby immigrationniste » étaient à l’œuvre à l’école.

Campagnes d’intimidation, menaces…

Plusieurs enseignants se sont plaints de campagnes d’intimidation de la part notamment de cette association. Sophie Djigo, professeure de philosophie en classe préparatoire au lycée Watteau de Valenciennes (Nord), a notamment été placée sous protection policière, après avoir été victime d’une campagne de cyberharcèlement de la part de militants identitaires et d’extrême-droite pour avoir projeté une sortie scolaire avec ses élèves dans un camp de migrants, rapporte France info.

La sortie scolaire, pourtant validée, sera finalement annulée par le rectorat de Lille. Eric Zemmour s’en félicitera quelque mois plus tard, dans le magazine Causeur  : « En novembre dernier, à Valenciennes, nous avons fait annuler une sortie scolaire. Il va falloir qu’ils s’y habituent ! »

Commission d’enquête

Le colloque au Sénat est une pilule d’autant plus difficile à avaler pour les syndicats d’enseignants. La cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSUD, Guislaine David, a ainsi déploré que « cette association, qui mène une croisade contre les enseignants et l’école, [tienne] un colloque au Sénat. […] C’est scandaleux ! »

Le député écologiste Benjamin Lucas, réclamait lui ce samedi « la constitution d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la pénétration des réseaux d’extrême droite dans l’école publique et à ses abords, et sur les pressions qu’elle exerce contre la communauté éducative ».