Le projet de loi immigration, l’un des dossiers clés du gouvernement cette année, est débattu au Sénat à partir de ce lundi 6 novembre 2023, huit mois après sa suspension en raison de la réforme des retraites. L’article 3 de ce texte prévoit de créer un titre de séjour d’un an renouvelable pour les étrangers travaillant dans des secteurs en dit en tension, c’est-à-dire souffrant d’une pénurie de main-d’œuvre. L’industrie, les services à la personne, l’hôtellerie… Une soixantaine de métiers sont concernés, selon le ministre du travail Olivier Dussopt.

Métier par métier, on fait un point sur la part des travailleurs immigrés aujourd’hui en France.

De 5 à 25 % selon les secteurs d’activité

Au total, parmi les 26,5 millions de personnes en emploi en France, 3 millions sont des immigrés (des personnes nées à l’étranger et résidant en France dans la définition de l’Insee), selon les derniers chiffres de 2019 publiés par l’Insee. Soit une proportion de 11 %.

C’est dans la catégorie « politique et religion » qu’on trouve la part la plus importante : 25 % des professionnels de la politique et du clergé sont des personnes immigrées. Un chiffre qui s’expliquerait en partie par le nombre important des prêtres étrangers en France.

Derrière, on trouve bien les secteurs qui sont ciblés par le gouvernement pour la création du titre de séjour des métiers en tension . L’hôtellerie, la restauration et l’alimentation, le bâtiment et les services aux particuliers comprennent presque 20 % des travailleurs immigrés.

À l’autre bout du rang, sans vraiment la surprise, les personnes immigrées ont le poids le moins important, précisément 5 %, dans les professions de l’administration publique, juridiques, armée et police.

Une représentation importante à des postes moins qualifiés

Si on regarde plus en détail dans chaque secteur d’activité, les chiffres montrent que les travailleurs immigrés sont le plus représentés à des postes peu qualifiés.

Dans le secteur du bâtiment, par exemple, 28 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment sont des personnes immigrées, contre 9 % parmi les techniciens et agents de maîtrise du bâtiment.

Ou encore dans le secteur des services aux particuliers et aux collectivités, les personnes immigrées représentent 40 % parmi les employés de maison, contre 9 % parmi les coiffeurs et les esthéticiens.

Découvrez les chiffres précis, en sélectionnant le secteur dans la barre de recherche du graphique ci-dessous :

Lire aussi : Loi immigration : comment la population étrangère évolue-t-elle en France ?

Une part différente dans chaque secteur selon la région de naissance

En fonction de la région où ils sont nés, les travailleurs immigrés représentent une part plus ou moins importante des travailleurs dans chaque secteur. Les personnes nées en Afrique représentent, par exemple, 60 % des personnes immigrées qui travaillent dans le secteur des transports, de la logistique et du tourisme.

Les Asiatiques sont plus nombreux à travailler dans l’hôtellerie, la restauration et l’alimentation : ils représentent 30 % des immigrés travaillant dans ce secteur.

Les immigrés nés en Europe dominent de leur côté le secteur de l’agriculture, de la marine et de la pêche, avec une place de 50 % parmi tous les travailleurs immigrés du domaine.

Enfin, les personnes immigrées nées en Amérique et en Océanie sont les plus représentées (14 %) dans le secteur de la communication, de l’information, et des arts et spectacle.