Bob Iger, le patron tout-puissant de la firme aux grandes oreilles, a beau avoir déclaré, lors de sa reprise de fonction, qu’il allait falloir réduire la voilure concernant les sorties Star Wars au cinéma (et encore que, depuis, plusieurs projets ont été annoncés), il faut bien continuer à nourrir le monstre Disney+. Pour cela, l’univers crée par Lucas est un mets de choix pour la plate-forme de streaming.

C’est donc sans surprise que Mickey continue sa stratégie d’explorer la galaxie lointaine, très lointaine, parfois en animation, parfois en prise de vues réelles, parfois, même, l’un amenant l’autre comme ce fût le cas pour un personnage absent des deux trilogies originales, mais qui a désormais bien sa place dans le cœur des fans : Ahsoka Tano.

La Padawan d’Anakin Skywalker apparue dans la série d’animation Star Wars : The Clone Wars (show officiel de Lucas pour faire le lien entre l’Épisode II et III de la saga) a fait ses preuves avant de quitter l’Ordre Jedi, fonctionnant depuis comme une sorte de ronin (samouraï sans maître), réapparaissant ici et là dans diverses séries comme Star Wars : Rebels, Tales of the Jedi, et connaissant sa première apparition en chair et en os dans la saison 2 de The Mandalorian sous les traits de Rosario Dawson. Une incarnation qui a suffisamment convaincu pour que le personnage (et l’actrice) ait droit à son propre show. On a envie de dire : enfin !

Peu après la chute de l’Empire et alors que la Nouvelle République est encore balbutiante, Ahsoka poursuit une quête personnelle : retrouver le Grand Amiral Thrawn, haut gradé de l’Empire ayant disparu depuis son combat contre Ezra Bridger, le jeune Jedi. Sauf qu’elle n’est pas la seule sur ses traces et, face à la menace, elle va devoir renouer avec son ancienne disciple, à peine formée, Sabine Wren.

Le réveil de la Force

Et pour prendre les rênes de cette histoire, qui de mieux que Dave Filoni, homme qui participe à étendre l’univers Star Wars depuis des années, notamment en ayant activement participé à la création de The Clone Wars et donc d’Ahsoka Tano. Un personnage qu’il n’a jamais quitté puisqu’il a été impliqué dans chacune des apparitions de la Jedi jusqu’à scénariser et réaliser ses premiers pas en prise de vues réelles.

Et c’est ce qui frappe immédiatement dès les premières minutes de cette nouvelle série : un profond amour et une connaissance du personnage à tous les niveaux ; d’un showrunner qui sait mettre son héroïne en valeur jusqu’à une actrice fortement impliquée. Si l’animation a su mettre en valeur le tempérament fougueux d’Ahsoka, Rosario Dawson lui apporte la sagesse d’une adolescente devenue femme, sans se défaire pour autant d’un caractère impétueux et sûr d’elle. Ahsoka fut la Padawan d’Anakin, ça ne fait aucun doute.

Un rôle physique au-delà des combats puisque la comédienne joue constamment d’une certaine gestuelle, que ce soit pour se mouvoir ou s’exprimer, comme pour souligner la suffisance autant que la désinvolture du personnage. Même pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, la Jedi montre aussitôt pourquoi elle est différente, unique dans le paysage de Star Wars. Définitivement, Ahsoka Tano méritait sa série.

Bien que Dawson n’ait aucun mal à capter l’intention, il faut souligner la solidité de l’ensemble du casting qui l’accompagne, chacun.e ne cachant pas son plaisir d’intégrer cet univers aux millions de fans. On sent même que Natasha Liu Bordizzo (Sabine Wren) et Mary Elizabeth Winstead (Hera Syndulla) galèrent, par moment, à cacher leur propre enthousiasme d’incarner les héroïnes de Star Wars : Rebels. Et quelle joie de revoir, une dernière fois, le charismatique Ray Stevenson, malheureusement disparu.

Un nouvel espoir ?

Alors évidemment, on se gardera bien de juger toute la série rien qu’à la vision de ces deux premiers épisodes, d’autant que l’histoire n’en est qu’à ses prémisses. On notera, cependant, qu’on est en face d’une production solide qui manie, pour l’instant, bien les relations entre ses protagonistes tout en apportant déjà une bonne dose de combat et une intrigue fidèle à la mythologie dont elle s’inspire.

Tout n’est pas rose, voire même gris puisqu’on a toujours droit à ce manque d’étalonnage accompagnant maintenant chaque production Star Wars, et le montage fait bien plus de coupes que nécessaire lors des duels. Et, bien que ce ne soit pas une obligation pour comprendre le show, on ne saurait que trop vous conseiller de rattraper au moins Star Wars : Rebels avant de vous jeter sur Ahsoka, sous peine de manquer des éléments importants du passé de nos héroïnes. Néanmoins, si ce sont les seules choses que l’on aura à reprocher à la série à l’issue de ses huit épisodes, peu de chance que l’on dise non à une deuxième saison. Réponse début octobre prochain et, en attendant, que la Force soit avec elle.