Météo France avait placé trois départements en vigilance rouge pour vents violents : le Finistère, les Côtes-d’Armor et la Manche. Le Finistère est sorti de la vigilance rouge vers 6 h du matin, la Manche et les Côtes-d’Armor y restant jusqu’à 10 h.

Au total, 22 départements ont été placés en vigilance orange pour vents violents, de la Bretagne aux Hauts-de-France.

La quasi-totalité des départements de la façade atlantique étaient par ailleurs en vigilance orange vagues-submersions.

Rafales de vent : de nombreux records battus

Les rafales de vent ont atteint un niveau jamais vu par endroits. De nombreux records ont été battus. La rafale la plus forte a été enregistrée en Bretagne, dans le Finistère, à la Pointe du Raz, avec 207 km/h. Cette mesure est cependant considérée comme douteuse par Météo France, car le capteur est situé dans un endroit très exposé. Des records absolus ont été battus dans plusieurs stations : Batz (195 km/h), Pointe Saint-Mathieu (193 km/h), Brignogan (190 km/h), Bréhat (175 km/h), Ploudalmézeau (172 km/h), Lanvéoc (171 km/h), Ploumanac’h (166 km/h), Landivisiau et Saint-Ségal (163 km/h)…

Météo France relève que Ciaran « s’avère être la tempête la plus sévère sur la Bretagne depuis l’ouragan de 1987 ». Pour Yann Amice, météorologue à Weather & Co, Ciaran « fera date dans le sens où elle vient de terrasser de nombreux records de vent de 1987, ainsi que certains anciens records de Lothar et Martin (les tempêtes de décembre 1999) ».

Lire aussi : CARTE. Tempête Ciaran : découvrez les records de rafales près de chez vous

En Normandie, des vents jusqu’à 171 km/h ont soufflé à Granville, dans la Manche, qui n’avait pas vu ça depuis 1999. Dans le Nord-Cotentin, les vents allaient jusqu’à 145 km/h. Dans le Calvados, des rafales de 121 km/h ont été enregistrées à Port-en-Bessin. Le record a été atteint à Grandcamp-Maisy avec 140 km/h.

« Dans les terres, des vents violents ont également été enregistrés, avec par exemple 137 km/h au sommet de la Tour Eiffel à Paris », souligne Agate Météo.

Deux morts et 47 blessés, dont plusieurs pompiers

Deux personnes sont décédées en France. Dans l’Aisne, un chauffeur routier a perdu la vie après la chute d’un arbre sur son camion. Au Havre, en Seine-Maritime, un homme âgé de 72 ans a chuté du premier étage de son habitation. Il serait tombé à cause d’une rafale de vent. Une chute de cinq mètres qui lui a été fatale. La victime était en train de fermer ses volets au moment de l’accident.

En visite à Caen (Calvados), vendredi 3 novembre, La Première ministre a annoncé que 47 personnes ont été blessées. « Le bilan est lourd », déplore-t-elle, mais aurait pu être plus « dramatique » sans « la responsabilité de nos concitoyens » et « la mobilisation exceptionnelle de nos sapeurs-pompiers (et) des services de secours ».

Ailleurs en Europe, la tempête a également fait des victimes, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas mais aussi en Italie.

Arbres tombés, toits envolés… : des dégâts considérables

La tempête a entraîné d’énormes dégâts De nombreux foyers ont été privés d’électricité : 1,2 million de foyers se sont retrouvés dans le noir, dont 780 000 en Bretagne. Ce vendredi matin, 523 000 foyers étaient encore sans électricité.

Dans l’ouest de la France, de nombreux arbres ont été déracinés. Certains arbres remarquables ont été victimes de la tempête. Au Mans (Sarthe), un chêne centenaire situé dans le parc Banjan n’a pas résisté au vent. Trois fois centenaire, le Hêtre de Ponthus de la Forêt de Paimpont, dite de Brocéliande, est lui aussi tombé. À Brest, dans le Finistère, une grue s’est brisée en deux, sur le chantier de l’îlot Cerdan, aux alentours de 2 h du matin dans la nuit de mercredi à jeudi.

Des toitures de certains immeubles ou habitations se sont envolées, comme à Vannes (Morbihan) ou encore à Morlaix (Finistère). Dans la commune de La Feuillée, dans les monts d’Arrée (Finistère), l’école a perdu son toit, qui s’est écrasé sur des maisons.

De nombreux bâtiments ont également été endommagés par la tempête, notamment certains édifices religieux. À Argentan, dans l’Orne, deux flèches de l’église Saint-Martin sont tombées vers 5 h du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi. L’église Saint-Eucher à Kernouës (Finistère) a également subi des dégâts : le haut de flèche est tombé sur le toit.

Dans les Côtes-d’Armor, un avion a été complètement retourné par le vent. Stationné à l’aérodrome de Dinan-Trélivan, l’aile de ce Piper Tripacer datant des années 1960 serait bien endommagée et sûrement davantage selon les spécialistes.

Dans les Pays de la Loire, les dégâts sont moindres. À Nantes, de nombreux arbres ont été couchés. Autour de Châteaubriand, ce sont les précipitations qui ont laissé leur trace.

Les transports fortement perturbés

Pour des raisons de sécurité, la préfecture du Finistère a décidé d’interdire toute circulation sur l’ensemble du réseau routier départemental, jeudi 2 novembre, dès 6 h. Le trafic a commencé à reprendre progressivement à partir de la fin de matinée. Ailleurs, la circulation a été fortement perturbée par les chutes d’arbres sur les routes.

Le transport ferroviaire a lui aussi été fortement perturbé. En Normandie, aucun train n’a circulé jeudi. Dans l’après-midi, dix-sept trains de reconnaissance circulaient « ligne par ligne », indiquait la SNCF. Le retour à la normale se fait progressivement. En Bretagne, le trafic ferroviaire a repris dès vendredi à partir de 5 h du matin. Au préalable, 1 500 km de voies ont été inspectées par la SNCF et « 300 arbres » ont dû être dégagés des voies.

Côté transport aérien, les perturbations ont été nombreuses. À Deauville, dans le Calvados, la tempête a occasionné une « coupure d’électricité et de téléphone », contraignant l’aéroport à fermer ses portes dès 13 h ce jeudi. L’impact n’est pas énorme. La saison des charters est terminée. Seuls sont au programme quelques vols d’affaires. Dans le Finistère, l’aéroport de Brest-Bretagne a été fermé dès le 1^er novembre et ne devait rouvrir que vendredi à partir de 8 h 30. Durant cette période, tous les vols ont été annulés. Du côté de l’aéroport Rennes Saint-Jacques (Ille-et-Vilaine), plusieurs vols ont été annulés le 1^er novembre dans la soirée, ainsi que jeudi 2 novembre dans la matinée.

Côté maritime, le nombre de traversées au départ ou en direction des îles bretonnes va rester limité dans les prochains jours. En Normandie, « 7 000 passagers ont été concernés par des annulations ou décalages », indique la Brittany Ferries. Jeudi 2 novembre, six bateaux ont été annulés entre la région et la Grande-Bretagne. Ce vendredi, trois arrivées sont annulées vers la Normandie, mais six ferries prendront la direction du large depuis Cherbourg, Ouistreham et Le Havre.

Secours et forces de l’ordre : d’importants moyens déployés

Afin d’affronter les dégâts de la tempête Ciaran et de porter assistance aux habitantes et habitants touchés, d’importants moyens ont été déployés.

Élisabeth Borne a souligné qu’il y avait eu « 11 000 interventions » des services de secours et des pompiers. « Plus de 1 000 policiers et gendarmes mobilisés également et cinq hélicoptères de la Sécurité civile » sont intervenus, selon les chiffres donnés, jeudi 2 novembre, par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Vendredi 3 novembre au matin, « plus de 3 000 salariés et prestataires d’Enedis sont toujours fortement mobilisés pour poursuivre les travaux et rétablir un maximum de clients au plus vite », précise Enedis.

Jeudi, 4 000 agents de la SNCF, dont 250 bûcherons, ont été mobilisés pour sécuriser les voies ferrées, a précisé le ministre des Transports, Clément Beaune.