voici pourquoi sauver les glaciers nous concerne aussi

Quel peut être le lien entre le gel précoce de cultures, le refroidissement des centrales nucléaires, le recul du littoral français, ou encore la tempête de froid glacial américaine de 2022 ? Tous ces phénomènes peuvent être liés, de près ou de loin, à la fonte des glaces. « Les glaciers sont comme une espèce de clé de voûte. Comme les abeilles, si on les enlève, tout le système change complètement », relève Jean-Baptiste Bosson, glaciologue au Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie. Aux côtés de nombre de scientifiques, il défendra l’avenir des glaciers et des pôles au sommet « One Planet – Polar Summit », qui débute ce mercredi 8 novembre 2023 à Paris.

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Les glaciers, les calottes polaires – le Groenland et l’Antarctique -, les banquises subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Les Alpes françaises par exemple se réchauffent deux fois plus vite que le reste du territoire, de même qu’en 40 ans, la banquise arctique a perdu 40 % de sa surface. L’urgence est là. Mais si l’image de l’ours sur sa banquise reste associée à la fonte des glaces, il serait mal avisé de négliger l’impact de ce phénomène sur le quotidien de chacun. « Notre quotidien et notre avenir dépendent de la santé des glaces », répète ainsi inlassablement la glaciologue Heïdi Sevestre, autrice de Sentinelle du climat (Harper Collins).

Des climatiseurs en péril

La surface blanche des glaciers, de la banquise et des calottes polaires renvoie les rayons du soleil vers l’espace, permettant de maintenir les pôles et les régions froides, comme un « climatiseur », explique Heïdi Sevestre. « La banquise de l’Arctique agit comme un miroir qui renvoie une partie de la chaleur du soleil. Si on n’a pas cette couverture blanche, on a un océan de couleur très foncée qui, lui, est très efficace pour absorber le rayonnement solaire ». Lorsque les glaciers fondent, ils laissent aussi place aux surfaces plus sombres des roches et des terres. Ces surfaces absorbent alors beaucoup plus de chaleur, contribuant d’autant plus au réchauffement des zones environnantes. « C’est un cercle vicieux », décrit la glaciologue, qui rappelle que « pour arrêter que les glaciers fondent, il faut arrêter de brûler des énergies fossiles », car  « un kilo de CO2 émis, c’est quinze kilos de glace fondue ».

À cela, s’ajoute la pollution de l’air qui « se dépose sur la neige et la glace, et assombrit ces surfaces, généralement très propres et très claires. Comme le miroir de la banquise, plus ces surfaces sont salies, plus elles vont elles-mêmes absorber les rayonnements solaires », ajoute-t-elle.

Le dégel du permafrost (le sol gelé), qui recouvre un quart de l’hémisphère nord, relâche aussi des quantités énormes de gaz à effet de serre, contribuant au réchauffement climatique et catalysant le réchauffement des zones polaires.

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Des phénomènes extrêmes plus fréquents et intenses

La fonte des glaces déstabilise également le climat, alertent des scientifiques. « Plus la banquise de l’Arctique disparaît, plus on risque d’avoir des événements météorologiques extrêmes chez nous, tels que des gels précoces, des périodes de sécheresse très intenses ou au contraire des précipitations très intenses », poursuit Heïdi Sevestre. C’est lié aux vents. Le courant – jet-stream – qui circule à la surface de la Terre d’est en ouest se forme par la rencontre d’air froid venant des pôles et d’air chaud venant de l’équateur et des tropiques. Or, avec le réchauffement des pôles, l’écart de température entre ces courants d’air chaud et froid se réduit, affaiblissant la force de ces vents. « Ce courant, habituellement bien tendu, ralentit, et un peu comme une rivière qui ralentit, va faire des méandres », explique Heïdi Sevestre, soulignant que l’Arctique se réchauffe « trois à quatre fois plus vite que le reste de la planète ». Ces masses d’airs qui sont habituellement poussées par le jet-stream vont alors rester piégées dans ces boucles, générant des phénomènes météo extrêmes.

Selon la glaciologue, la tempête historique qui a durement touché les États-Unis en décembre 2022, faisant des dizaines de morts, est une illustration de l’affaiblissement de ce courant-jet qui permet de maintenir les vortex polaires, ces grosses dépressions polaires situées à la limite de la troposphère et de la stratosphère. « Le chaos climatique est directement lié à ce qui se passe au niveau de la banquise en Arctique, en grande partie ».

La fonte des glaciers est aussi dangereuse pour les populations qui habitent à leurs côtés, en raison du risque de crues glaciaires. L’eau des glaciers qui fond forme des lacs que les glaciers ne sont plus en mesure de retenir quand ils deviennent trop lourds, cèdent, générant des crues parfois meurtrières.

Les scientifiques pointent également le poids que représentent les glaces sur les plaques tectoniques. « Les glaciers ont une masse colossale. Et quand on est sur des plaques tectoniques relativement fines, par exemple en Islande, leur fonte va faire remonter ces plaques qui se seront allégées. Et cela peut générer des tremblements de terre et du volcanisme », résume Jean-Baptiste Bosson.

Montée des eaux

Contrairement aux banquises (glace formée par la congélation d’eau de mer), la fonte des glaces terrestres formées d’eau douce – les glaciers de montagnes, mais surtout les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland – entraîne une élévation du niveau de la mer. « L’avenir du littoral français dépend du sort des glaciers. Les glaciers stockent l’équivalent de 66 mètres d’eau d’élévation du niveau de la mer. Si tout augmente de 66 mètres, vous changez toute la carte du littoral quasiment », explique Jean-Baptiste Bosson.

Selon les dernières estimations du Giec, le scénario le plus optimiste en cas de nette réduction des gaz à effet de serre, prévoit une élévation d’au moins 28 cm d’ici à 2100, tandis que le pire scénario prévoit jusqu’à environ 1 mètre d’ici à 2100. « S’il y a 1 mètre d’élévation du niveau des mers, ce sera 1 milliard de personnes touchées, pas forcément qui auront les pieds dans l’eau, mais qui seront touchées via leur activité économique, l’agriculture, leurs moyens de déplacement… », indique Heïdi Sevestre. « Ce n’est pas que le Bangladesh et les Pays-Bas, c’est aussi la côte aquitaine, c’est Bordeaux, Arles, Le Havre, le nord de la France… », pointe-t-elle.

Des réservoirs d’eau en péril

Les glaciers sont les plus grandes réserves d’eau douce sur Terre (70 %). « Les glaciers sont une composante très importante du cycle de l’eau dans beaucoup de continents », souligne Jean-Baptiste Bosson. « Dans le bassin du Rhône, il y a 12 millions d’habitants qui boivent de l’eau potable, issue des nappes phréatiques, dont une partie provient de l’eau glaciaire ».

L’eau des glaciers est aussi cruciale pour les agriculteurs qui doivent irriguer. En 2003 pendant la canicule, il avait été mesuré que 40 % des eaux du Rhône venaient des glaciers des Alpes, rappelle Heïdi Sevestre. « Ça veut dire que sans les glaciers, à ce moment-là, il y aurait eu 40 % du débit du Rhône en moins, avec des conséquences absolument terribles sur l’agriculture, les centrales nucléaires ».

Car l’eau des glaciers joue aussi un rôle majeur pour la production hydroélectrique et les centrales nucléaires françaises. « Les centrales hydroélectriques en France se trouvent généralement dans les zones de montagne », pointe Jean-Baptiste Bosson. « Il y a beaucoup de centrales nucléaires qui se trouvent dans le bassin du Rhône. Le nouveau projet d’EPR est localisé à Bugey, dans le bassin du Rhône, parce que l’eau des glaciers permet de refroidir les centrales nucléaires en été ».

Pour Heïdi Sevestre, les glaciers situés aussi loin que ceux de l’Himalaya touchent aussi les Français, qui s’habillent avec du coton et mangent du riz, relève-t-elle. « Les plus grandes cultures de coton et les plus grandes cultures du riz sont en Inde et en Chine et ont besoin de l’eau des glaciers de l’Himalaya ».

Une photographie aérienne prise le 24 août 2023 au-dessus de Gletsch, dans les Alpes suisses, montre un trou dans la partie du glacier du Rhône révélant son lac glaciaire dû à la fonte du glacier. | FABRICE COFFRINI / AFP

Une photographie aérienne prise le 24 août 2023 au-dessus de Gletsch, dans les Alpes suisses, montre un trou dans la partie du glacier du Rhône révélant son lac glaciaire dû à la fonte du glacier. | FABRICE COFFRINI / AFP

Le seuil à ne pas franchir

Les scientifiques espèrent que le sommet mondial qui se tient à Paris jusqu’à vendredi aboutira à des actions concrètes pour préserver les glaces, à l’heure où des bulldozers défigurent encore des glaciers, comme celui du Théodule, pour aménager des pistes de ski. « Ce genre d’aménagements n’est plus tolérable », déplore Heïdi Sevestre. « Il y a des seuils de température à ne surtout pas franchir », alerte-t-elle. « Il semblerait que certains ont déjà été franchis pour la banquise et pour l’ouest de l’Antarctique, mais il n’est pas trop tard pour sauver tout le reste ». Selon elle, le point de bascule du Groenland se trouve entre 1,5 °C et 2 °C. Si ce seuil de température terrestre est dépassé, la fonte du Groenland deviendra irréversible. « Il faut tout faire pour ne pas franchir ce seuil de température. Ce n’est pas négociable, ce sont des réalités physiques ».

C’est le message que les scientifiques porteront cette semaine au sommet, alors que doit se tenir dans quelques semaines la Cop28. « Si on n’applique pas l’accord de Paris et qu’on va vers un grand réchauffement, en 80 ans, on assiste à l’extinction de la majorité des glaciers dans les Alpes. Et d’ici à 2100, on perd la moitié des surfaces de glace sur Terre, c’est colossal », renchérit Jean-Baptiste Bosson. « En 2022 et 2023, on a explosé les records de vitesse de fonte qu’on avait mesurés jusqu’à maintenant dans les Alpes », s’alarme le glaciologue, qui déplore la fonte de 60 % de la surface initiale des Alpes françaises. « C’est très inquiétant. La fonte s’accélère à des vitesses qu’on ne pensait pas atteindre aussi vite ».

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